Kim Pawliw soutient avec succès sa thèse de doctorat!

Le CRAD est fier d’annoncer que Kim Pawliw (membre étudiante, doctorat en sciences géographiques) a soutenu avec succès sa thèse de doctorat vendredi dernier (19 janvier 2024). La soutenance s’est déroulée à distance sur la plateforme Zoom. La thèse de Kim s’intitule Le rôle de la société d’accueil dans la construction identitaire des immigrants et de leurs descendants. Une étude de la communauté ukrainienne de Montréal (direction : Étienne Berthold (membre régulier, Département de géographie)).

Pour en savoir plus sur le parcours de Kim : Vitrine sur la recherche

Résumé du projet doctoral :  

De nombreuses recherches sont dédiées à l’étude des phénomènes migratoires, notamment la construction identitaire des groupes issus de l’immigration à l’échelle municipale. L’identité de ces derniers a déjà été examinée en fonction de nombreuses variables, par exemple, les capacités langagières, la ségrégation ethnique, les relations sociales, l’adhésion à des associations ethniques, le lieu de résidence situé à l’intérieur ou à l’extérieur d’un quartier ethnique, etc. Or, le rôle de la société d’accueil en milieu urbain (composée de dirigeants et professionnels municipaux) dans cette construction identitaire demeure peu étudié. On peut donc se demander : quels rôles peut jouer la société d’accueil dans le processus de construction identitaire des groupes issus de l’immigration ? Afin de répondre à cette question, la présente étude a pour sujet la Ville de Montréal et sa communauté ukrainienne. Cette recherche poursuit deux principaux objectifs : 1. Explorer le processus de construction identitaire des groupes issus de l’immigration à travers les interrelations entre les associations ethniques, les communautés ethnoreligieuses et les instances dirigeantes municipales avec l’exemple de la communauté ukrainienne et 2. Examiner la construction de la valeur symbolique de Rosemont (quartier lié à l’identité ukrainienne) à travers les interactions entre tous les acteurs impliqués.

Pour se pencher sur cette construction identitaire, la méthode d’analyse de discours a été appliquée à 43 entretiens semi-dirigés menés auprès de la communauté ukrainienne de Montréal et de représentants et professionnels de la Ville de Montréal. Cette méthode identifie, compare et contextualise les discours énoncés par les acteurs susmentionnés. En plus des entretiens, divers autres documents ont été consultés : documents écrits et audios (ex. archives, émissions de radio, articles de journaux), divers matériels historiques (ex. statistiques, plans d’assurance incendie, annuaires municipaux), sources secondes et observations terrain. Dû à l’ampleur du sujet de recherche, la construction identitaire de la communauté ukrainienne a été examinée à travers trois études de cas : 1. Le quartier de Rosemont dans son ensemble, 2. Le Festival ukrainien de Montréal qui a lieu dans Rosemont et 3. Le réaménagement du Parc de l’Ukraine, localisé également au cœur de Rosemont.

La présente recherche a abouti à trois principaux constats. Premièrement, certains discours sont partagés par la communauté ukrainienne et par la Ville de Montréal, alors que d’autres divergent. Malgré certains discours partagés, la Ville ne semble pas avoir influencé la construction de l’identité ukrainienne : elle en a tout au plus renforcé un élément particulier, soit la reconnaissance de Rosemont en tant que quartier lié à l’identité ukrainienne. Deuxièmement, lors de certains événements, soit le Festival ukrainien de Montréal et le réaménagement du Parc de l’Ukraine, la Ville de Montréal a instrumentalisé la communauté ukrainienne afin de promouvoir certains éléments de sa propre identité, c’est-à-dire son image de ville inclusive, diverse et où il fait bon vivre-ensemble. Troisièmement, le quartier de Rosemont a été au cœur d’un processus de construction à travers lequel il a acquis une valeur symbolique en tant que quartier ukrainien de Montréal. Cette valeur symbolique s’est construite à travers les interactions entre la communauté ukrainienne et la Ville de Montréal. En se concentrant sur les relations entre une communauté issue de l’immigration et les représentants et professionnels d’une ville, cette recherche permettra d’établir un meilleur dialogue entre ces derniers en suggérant quelques pistes pour une meilleure collaboration future.